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CONSTANTIN BRANCUSI
Constantin Brancusi est né en 1876 dans un village du sud de la Roumanie, de parents fermiers. Après avoir effectué divers métiers entre 1887 et 1894, il étudia pendant 4 ans à l'école des Arts et Métiers de Cracovie. Il fut ensuite admis à l'Ecole des Beaux Arts de Bucarest. Comme une bourse d'études pour aller en Italie lui avait été refusée, il se rendit en France à pied en 1904. Il commença à sculpter et reçut en 1905 une bourse de Roumanie. Il entra alors à l'Ecole des Beaux Arts de Paris où il fut jugé très doué. Il rencontra Rodin en 1906, qui eut une grande influence sur lui.
Il se détourna des conventions académiques à partir de 1907 et commença une œuvre plus personnelle : sculptures inachevée, fragments de corps humain… Il s'intéresse alors à l'art primitif, avec Gauguin, Matisse, Apollinaire, Picasso… En 1908, il sculpte directement la pierre pour la première fois avec la sagesse de la terre. Le baiser fait référence à Rodin. Après 1908, il recherche des formes simples et dépouillées, et crée des séries, avec différents matériaux : marbre, pierre, bronze, poli ou non… Il cherche à montrer l'essentiel dans ses sculptures. En 1912, dans une manifestation d'art moderne à New York, il choque par sa modernité. En 1913, il commence à utiliser le bois et donne plus d'importance au socle de ses statues.
Brancusi s'intéresse beaucoup à l'organisation de son atelier, il échange régulièrement socles et statues, tandis que les objets.
De Brancusi ont connaît notamment la superbe tête de Muse endormie : sa surface fait impeccablement le tour complet de son visage, à peine modulée par quelques vibrations de ses reflets. Mais cette continuité absolue du visage n'est obtenue, rien de moins, que par la coupure complète du corps et de la tête : la décapitation de la Muse.
On connaît aussi ses Oiseaux dans l'espace : d'un jet continu leur forme impeccablement lisse se dresse dans l'espace, mais un étranglement à l'attache de la queue découpe ce jet en deux étapes, et le jet brusquement se termine par la coupure que fait le bec dans le fuseau continu du corps.
Matisse était synchronisé/incommensurable, Brancusi est donc continu/coupé. De è..... Cette colonne sans fin édifiée vers 1938 à Tirgu Jiu, dans sa province natale de Roumanie, que peut-on dire de plus sinon qu'elle est complètement continue et pourtant sans arrêt entre-coupée d'étapes ? À défaut de dire plus, essayons de dire comment. L'inventeur de la sculpture "moderne" Brancusi reçoivent des noms, comme des œuvres et prennent part à l'organisation de l'atelier. A sa mort en 1957, Brancusi légua son œuvre à l'état français. Son atelier est aujourd'hui reconstitué à côté de Beaubourg.
Constantin Brancusi - Considéré comme le plus grand créateur de la sculpture du XXe siècle. Jeune Atiste roumain et inconnu, il fait son entrée à Paris le 14 juillet 1904, à pied, sac au dos, en jouant de la flûte. Brancusi attirera bientôt, dans son célèbre atelier de l'impasse Ronsin, aujourd'hui fidèlement reconstitué devant le Centre Georges-Pompidou, les plus grands artistes et écrivains de l'époque : Marcel Duchamp, Man Ray, Tristan Tzara, Erik Satie, Ezra Pound, James Joyce, et la poétesse Mina Loy. Pour survivre, il avait commencé par travailler comme plongeur au restaurant Chartier.
Parmis ses nombreux amis, notons Picabia, Erik Satie, mais aussi par Derain, Pablo Picasso, Laurens, Léger.
«(...) Cela ressemble davantage à la quille d'un navire, non?
- S'il était couché.
- Et un peu au croissant de la nouvelle lune?
- Oui.
- Si M. Brancusi l'avait appelé ''poisson", vous y verriez un poisson?
- S'il l'avait appelé poisson, je l'appellerais poisson.
- S'il l'avait appelé ''tigre", vous changeriez d'avis et vous considéreriez que c'est un tigre?
- Non.»
Ce dialogue n'est pas tiré d'une saynète surréaliste mais de l'interrogatoire d'un témoin au procès qui opposa Constantin Brancusi aux Etats-Unis en 1928. Objet du litige: la taxation des sculptures par les douanes américaines qui ne se résignaient pas à voir dans ces formes de métal poli, si éloignées des modèles offerts par la nature, des œuvres d'art authentiques. Dans l'interrogatoire précité, le sculpteur Jacob Epstein, un témoin de Brancusi, s'efforce de répondre au juge qui le questionne sur la «pièce à conviction n°1», à savoir L'oiseau dans l'espace, haute flamme fuselée en bronze poli. Ces archives étonnantes du procès que publie Adam Biro témoignent du rôle pionnier que joue l'artiste roumain (naturalisé français en 1952) dans la sculpture moderne. Son œuvre déroute les institutions et rend caducs les critères esthétiques établis. Elles manifestent aussi la reconnaissance de Brancusi outre-Atlantique qui expose à plusieurs reprises à New York et jouit du soutien actif de riches collectionneurs acquis à son art.
Sacré bonhomme que ce Brancusi! Indépendant, déterminé, exigeant, il n'aura vécu que pour sa sculpture. Enfant fugueur, né en 1876 dans un village paysan au pied des Carpates, il accomplira sa grande fugue à 28 ans, en 1904, une longue marche de plusieurs mois vers Paris. Et passera le plus clair de son temps dans l'atelier de l'impasse Ronsin à Montparnasse. A l'exception d'une période marquée par l'art nègre (1913-1922) mêlé d'influences dadaïste et cubiste, Brancusi poursuit sans souci des modes sa quête d'une sculpture dépouillée de l'anecdotique qui exprime l'essence des choses. Son art empreint de spiritualité tend vers une pureté originelle, une beauté intemporelle. Où l'archaïsme primitif rejoint l'extrême modernité.
Commencements du monde
Ce sont d'abord les bois qu'il travaille en taille directe - une technique oubliée -, la pierre, le marbre, puis les alliages de métaux qu'il polit longuement jusqu'à ce qu'ils renvoient l'éclat de la lumière comme des miroirs. Dans le choix de ses volumes, Brancusi revient sans cesse aux formes essentielles: cubes, ovoïdes, cylindres, pyramides. De même pour ses thèmes qu'il puise dans l'univers des origines, le poisson, l'oiseau, le visage humain, le nouveau-né, le commencement du monde... Le sculpteur explore et reprend les mêmes motifs pendant des années. De 1908 à sa mort en 1957, il créera ainsi une quarantaine d'oiseaux. Les premières versions, plus descriptives, évoquent les statues égyptiennes d'Horus, tandis que les dernières, comme «L'oiseau dans l'espace», expriment non plus l'oiseau mais l'idée de l'envol. Les organisateurs de l'exposition ont d'ailleurs disposé les œuvres - 103 sculptures accompagnées de 38 dessins et 55 photos - de sorte à respecter à la fois la chronologie et les thématiques récurrentes. Ils annoncent également la réouverture en 1997 du fameux atelier de l'impasse Ronsin que l'artiste légua à l'Etat français. Reconstitué au pied du Centre Pompidou lors de l'ouverture du musée en 1977, il ne fut que brièvement ouvert au public en raison de sa précarité. On se réjouit de pouvoir à nouveau pénétrer dans ce temple de l'art total dont Brancusi était le grand-prêtre, conjuguant les formes entre elles et dans l'espace, jouant des ombres et des lumières et ne faisant confiance qu'à lui-même pour la reproduction photographique de son œuvre.
Jean Cocteau, Reverdy.
Père de la sculpture moderne, Brancusi est aussi le prophète d'un art total, rigoureux, essentiel.
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